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Absurdité de la condition humaine.
29 novembre 2010

Message : réponse mail à Ophélie. (en première S, en période de dépression, on s'envoie des mails. Elle me demandait conseil.)

"Je suis vraiment désolée de ne pas toujours répondre, je suis assez prise en ce moment, et en plus ces derniers temps j'ai des montées d'angoisse comme avant, ça me fait un peu peur... Enfin bref, dis toi que d'avoir une dépression au lycée, c'est mieux qu'à la fac lorsque tu dois te débrouiller tout seul... je vais sûrement revoir un psy dans ma fac, c'est gratuit, manière d'être suivie au cas où.

Tu as beaucoup séché ces derniers temps ? C'est normal d'avoir l'impression que rien n'y fait, et que tu pourras jamais en sortir. Mais t'inquiète pas, tu vas en sortir, c'est une mauvaise (très mauvaise) période, mais une fois que t'en seras sortie, tu seras différente, mûrie et plus forte. Oui le psychologue, même si ça parait pas, est très important. Moi aussi je me disais que ça servait vraiment à rien... mais en fait, sans que je me rende compte, ça évoluait dans mon inconscient. Enfin moi j'avais une psychiatre, pas un psychologue, c'est différent. (enfin je suppose que tu as aussi un psychiatre pour les médicaments ?) Un psychologue doit faire un travail analytique en profondeur, et ça prend du temps. Après, il y a des bons et des mauvais psychologues... enfin, avec des méthodes différentes quoi, pas forcément adaptées à toi. Et tu te rends peut-être pas compte, mais c'est assez rassurant de se dire qu'on peut se confier à un psy, tu peux tout dire, et la personne n'est pas là pour te juger.

Peut-être qu'une hospitalisation serait la solution. Enfin tu serais sûrement surprise, voire choquée en fonction de là où tu vas (quoique, moi bizarrement, ça m'avait pas fait grand chose, enfin j'avais 17 ans... mais bon, j'étais quand même un peu jeune.) Mais ce qu'il faudrait, c'est changer quelque chose. Ça sera sûrement dur au début, mais c'est pour ton bien. Et puis remarque, si tu as l'impression que tu n'as un peu "rien à perdre", que tu vois que quoi que tu fasses rien ne change... si tu penses que ça peut pas vraiment être pire que là, l'hospitalisation est peut-être une solution. Enfin après, t'en ressortirais pas non plus "complètement guérie" mais différente, pas en pire, je pense pas. De toute façon on est là pour s'occuper de toi, pour tout faire pour que ton état psychologique s'améliore. T'es bien encadrée, et ton entourage comprend ton mal-être et sait comment réagir avec toi (même les patients, souvent, puisque pas mal d'entre eux sont là à cause de dépressions) Après, ne t'inquiète pas pour ce qui est des connaissances, des autres patients... en général, tu es là pour ta santé à toi, les autres tu t'en fous, et ils font pas trop attention. Moi en tout cas, au début, je parlais à personne, de toute manière j'étais mieux dans mon coin et je me concentrais sur ma dépression. Finalement, par hasard, j'ai rencontré des gens qui avaient pour certains, le même problème que moi. Et aussi des gens plus âgés, je pense que c'est mieux d'être avec des adultes quand même... Je sais pas si j'aurais supporté d'être avec des jeunes. Quoique, pourquoi pas... j'en sais rien, c'est juste que c'était plus calme avec les adultes et c'est vraiment enrichissant de parler de ça avec des personnes expérimentées  (je me faisais vraiment chier aussi parfois, mais justement, l'ennui était bénéfique, ça te permet de ne rien faire d'autre que d'essayer de guérir.) Enfin après bien sûr, tu peux amener des choses pour t'occuper, il y avait une bibliothèque pas loin de là où j'étais, on pouvait jouer aux cartes, il y avait des activités cinéma/sport etc (sport, super important aussi en cas de dépression)... pour ceux qui voulaient. Y avait aussi une télé. Du coup j'en profitais, même si je m'ennuyais quand même pas mal. Et puis c'est important qu'on vienne te voir. Mes parents venaient souvent au début, après un peu moins, et je rentrais le week-end manière de ne pas perdre complètement contact. (il faut une autorisation de sortie, qqch comme ça) après t'es pas enfermée heureusement... c'est pas un asile, encore heureux. Si jamais tu y vas, tu trouveras des gens beaucoup plus "atteints" que d'autres. Mais certaines personnes sont tout à fait normales, elles sont juste plus sensibles que la moyenne, et passent des mauvaises périodes de leur vie, mais c'est souvent passager. Enfin bref, je sais pas si c'est ce que tu envisages, mais peut-être que ce serait pas mal. De toute façon, si t'as pas de motivation, que t'arrives pas à travailler, autant prendre du temps pour toi juste pour soigner ta dépression. Moi après deux semaines d'hospi, ça allait déjà mieux, alors que j'aurais jamais pensé ça. Je pétais pas la forme, normal, mais j'étais déjà moins fermée, moins angoissée, j'avais un peu plus de goût aux choses, et c'est un premier pas vers la guérison. Ne fais pas attention aux préjugés de l'hospitalisation. Déjà, t'es pas obligée de le dire, et puis fais ce que TOI tu veux. Personne ne doit t'obliger à faire quoi que ce soit.

Courage (encore et encore), je comprends ce que tu vis, je suis de tout cœur avec toi, tu vas t'en sortir et tout va s'arranger à un moment ou à un autre. Une fois que t'auras fini de vivre ça, tu verras que tu ne pourras pas vivre pire dans la vie, et tu verras les choses de manière plus positive. N'hésite pas à prendre du temps pour toi, à faire vraiment ce que tu aimes le plus, fais toi plaisir le plus possible, tant pis pour le reste, là c'est une priorité. Même si tu as du mal à l'imaginer, une fois que ça ira mieux (c'est pas ponctuel, il faut du temps, des mois... un jour tu te dis qu'en fait ça va un peu mieux depuis quelques temps, et tu t'en étais pas aperçue, il n'y a pas vraiment de déclic, c'est juste un retour en arrière.)

Fais une liste des choses que tu aimes faire, des rêves que tu as envie de réaliser, de tes passions, etc. Relis le plusieurs fois. Même si tu n'auras pas l'impression que ça y fait grand chose, ton inconscient, lui, est toujours actif. Par exemple -tu vas te foutre de ma gueule là mais tant pis-, j'avais vu une étiopathe qui m'avait dit de coller des post-it dans ma chambre, partout, où ce qui était écrit était positif, valorisant pour moi. Écris tes qualités, écris des choses que positives "je me sens bien", "tout va bien", "je vais y arriver" "je suis intelligente"... Quand elle m'a dit ça, j'avais envie de la claquer, pour moi ça servait à rien... Mais ça parait pas, ça ne se voit pas, ton inconscient fait tout le boulot et enregistre tout. Par exemple, en étant tout le temps avec des personnes pessimistes, négatives, tu as tendance à voir les choses en noir toi aussi, à force. Ou avant un examen, si tu parles avec quelqu'un de stressé... tu te rends pas forcément compte, mais ça a un impact sur ta sensibilité, surtout si tu es de nature sensible. Mais c'est pas grave, tu apprends à le gérer avec le temps, à mieux comprendre ce qui est bon pour toi psychologiquement, et à t'éloigner de la dépression lorsque tu en es sortie.

Pense aussi à noter tes rêves et à en parler au psy. Ça m'avait pas mal aidé à comprendre certaines choses. (par contre, laisse tomber les livres d'interprétation des rêves ou les trucs sur internet, ça ne veut strictement rien dire, pour donner un sens aux rêves, il faut vraiment faire du cas par cas, en fonction de ce que tu as vécu TOI. Pour ça, seul un psy peut le faire. -ou quelqu'un qui s'y connaisse très bien-)"

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